Dans les équipes, il n’est pas rare d’entendre : « On bosse ensemble, mais chacun dans sa bulle. » Ce constat, souvent partagé avec calme ou résignation, met le doigt sur une confusion fréquente : celle entre collaboration et coopération. Se croiser en réunion, se répartir les tâches ou atteindre des objectifs communs ne garantit pas que l’on travaille vraiment ensemble.
Ce qui manque souvent, c’est la sensation d’un collectif vivant. Un manager résumait ainsi la difficulté : « Tout le monde fait sa part, mais dès qu’il faut se dire les choses franchement, ça bloque. » Ce n’est pas un problème d’implication. C’est souvent l’absence d’un espace relationnel où la parole peut circuler librement.
Collaboration et coopération : deux dynamiques différentes
Collaboration : une logique de répartition
Collaborer, c’est organiser. Les rôles sont clairs, les responsabilités réparties, les actions coordonnées. C’est la mécanique du travail en commun.
Coopération : une relation à faire vivre
Coopérer, c’est différent. C’est permettre à chacun d’exister dans la relation, de dire ce qu’il pense, d’exprimer un désaccord sans peur, d’être soutenu même hors de l’urgence. C’est une dynamique vivante, fluide, qui repose sur le lien plus que sur l’organisation.
Cette bascule demande plus qu’une méthode. Elle suppose un changement de posture.
Pourquoi la coopération coince (souvent) ?
Dans nos accompagnements, les freins à la coopération sont rarement visibles immédiatement. Ils prennent la forme de tensions latentes, de réunions efficaces mais vides, ou d’un sentiment d’isolement malgré l’activité collective. On entend parfois : « Techniquement, on est bons. Mais dès qu’il s’agit de relations humaines, c’est chacun pour soi. »
Derrière cette phrase, il y a souvent un manque de sécurité relationnelle. Ce climat qui permet de dire “je ne sais pas” ou “ça ne me va pas” sans que tout se fige. Ce sentiment que l’on peut être vrai, même dans l’inconfort.
La coopération se construit dans les interstices
Coopérer, ça s’apprend… en équipe
Contrairement à une idée reçue, la coopération n’est pas une affaire d’affinité ou de maturité individuelle. C’est une compétence collective, qui se développe dans le concret, à travers des situations vécues. Il ne s’agit pas de “savoir faire”, mais d’oser dire, d’écouter, d’ajuster. Sans blâme.
Chez Empower the People, on travaille beaucoup ces gestes invisibles : ceux qui ne figurent dans aucune fiche de poste, mais qui changent la qualité du lien.
Des exemples concrets où la coopération devient réelle
1. Commencer une réunion autrement
Avant de plonger dans les sujets à traiter, une personne propose : « Et si on faisait un tour rapide : comment chacun arrive ce matin ? » Ce simple moment d’écoute change l’ambiance. Le lien se pose, les échanges deviennent plus ouverts.
2. Oser nommer l’inconfort
En fin de réunion, quelqu’un glisse : « J’ai eu du mal à trouver ma place tout à l’heure, j’ai senti que c’était tendu. » Et plutôt qu’un silence gêné, une collègue répond : « Merci de l’avoir dit. Je l’ai ressenti aussi. On en parle ? » Ce n’est pas une solution, c’est une ouverture.
3. Reconnaître ce qui ne se voit pas
Un projet est bouclé, les délais respectés. Mais un manager souligne : « Ce qui m’a marqué, c’est l’attention que chacun a portée à l’ambiance, même sous pression. » En valorisant cela, il nourrit une dynamique de coopération durable.
Coopérer : une posture, pas une méthode
Travailler côte à côte ne suffit pas. Coopérer, c’est faire équipe dans le lien. Ce n’est pas une technique, c’est une attention au climat humain. Une responsabilité partagée.
On peut avoir les meilleurs outils ou les meilleures expertises : sans lien, la coopération s’essouffle. Mais avec du lien, même fragile, tout devient plus traversable.
FAQ – Tout ce qu’on nous demande sur la coopération
Quelle est la différence entre collaboration et coopération ?
La collaboration repose sur l’organisation du travail : qui fait quoi, comment, dans quels délais. La coopération, elle, repose sur la qualité des liens. C’est une dynamique relationnelle fondée sur la confiance, l’écoute et l’ajustement mutuel.
Peut-on apprendre à mieux coopérer ?
Oui. Mais pas seul·e. La coopération est une compétence collective. Elle se construit dans l’expérience partagée, les moments de régulation, les espaces d’écoute. Pas dans les manuels.
Et si mon équipe est trop tendue ?
C’est souvent là que le travail commence. Il suffit parfois d’un espace minuscule pour que le lien puisse revenir : une question ouverte, une écoute attentive, un silence habité. C’est souvent là que tout repart.